OPÉRATION DE POLICE
LE 4 JUIN 1944
A PERROS-GUIREC
[ 21e visite]

André Bonnot, la famille Cabrolié, la famille Plunet, Louis Meudec
me donnèrent leurs témoignages, grand merci à eux.



L'opération de police du 4 juin 1944 dans le secteur de Perros-Guirec
Yves LE MERRER tient avec sa famille l'hôtel restaurant du "Cheval Blanc" situé 6 rue des frères Le Montréer à Perros-Guirec, c'est un ancien sous-officier de la coloniale en retraite qui n'a jamais admis la capitulation et la trahison du gouvernement de Vichy. Il est aussi un des responsables avec Yves LE CHEVALLIER de la compagnie FTP "Gabriel PÉRI". Dans cet hôtel restaurant les Allemands ne viennent jamais prendre leurs repas, il peut s'y tenir de ce fait avec une certaine facilité et sécurité des réunions de membres de la Résistance.
Toute la famille LE MERRER est bien évidemment au courant des activités de Résistance du patron de l'hôtel restaurant, et chacun apporte son aide activement ou passivement.

Dimanche 4 juin 1944, début de l'opération de police au bourg de Pleumeur-Bodou
A 5 heures du matin.
Le bourg de Pleumeur-Bodou est cerné par des militaires allemands, ils se rendent au domicile de Jean LE MORVAN, instituteur, Résistant membre d'un réseau, puis l'emmène avec eux à l'école communale de Pleumeur-Bodou, ils perquisitionnent sa classe, dans laquelle ils trouvent des pièces compromettantes.
Jean LE MORVAN se voit pris, il tente le tout pour le tout, bouscule des militaires et s'enfuie de l'école. Le bourg est cerné, il n'a aucune chance de s'échapper, repéré tout près de son école il est abattu.
Les Allemands trouvent sur Jean LE MORVAN une photographie d'une équipe de football de Pleumeur-Bodou, quatre personnes figurant sur la photo sont reconnues et arrêtées puis relâchées par la suite.

Son épouse témoigna dans un rapport de gendarmerie :
"Dimanche 4 juin, vers 5h30, j’ai entendu frapper à la porte. Mon mari a ouvert et plusieurs militaires allemands sont entrés dans la maison. Ils ont perquisitionné mais ils n’ont rien trouvé. La fouille terminée, ils ont demandé à voir sa salle de classe.
Vers 6h30, j’ai entendu plusieurs rafales de mitraillettes.
Vers 11h, un officier allemand m’a dit : "Votre mari est tué. C’est tout ce qu’il mérite. Chez nous on tue tout de suite". Il m’a ensuite montré un cahier et il m’a demandé si je reconnaissais l’écriture de mon mari. Je lui ai répondu affirmativement. Il m’a ensuite montré plusieurs plans représentant le littoral de Servel à Louannec avec indication des ouvrages de défense. L’officier m’a dit que ces documents avaient été trouvés dans la salle de classe de mon mari. Mon mari ne m’a jamais dit qu’il faisait partie d’une association de patriotes. Il était secrétaire de l’association sportive Pleumoroise qui est une équipe de football".

Seuls les plus proches de sa famille furent autorisés par l’occupant à suivre le cortège funèbre lors de ses obsèques.


Jean LE MORVAN
Dimanche 4 juin 1944, début de l'opération de police au bourg de Perros-Guirec
Avant 5 heures du matin
Ce dimanche 4 juin, la journée s'annonce belle, certains se préparent à aller à la messe dominicale, c'est l'occasion de connaître les dernières nouvelles et pour les hommes de boire un petit coup à la fin de la cérémonie.
Rien ne laisse penser que Perros-Guirec va être le théâtre d'événements tragiques, qui vont toucher particulièrement dans leurs chairs : une jeune femme, treize hommes et un adolescent de 16 ans, et ce parmi les plus braves, car tous résistants actifs ou passifs, plongeant dans l'angoisse et le deuil plusieurs familles.

Dimanche 4 juin 1944, à 5h du matin
Des militaires allemands guidés par une vingtaine de traîtres autonomistes, dont deux qui encadrent le groupe seront reconnus : Hervé BOTROS du kommando de Landerneau (introduit dans le réseau de la Résistance locale) et André GEFFROY de la Bezen PERROT (milice composée d'autonomistes bretons, sous l'autorité de l'occupant et dont les membres sont habillés avec l'uniforme noir semblable à ceux des Allemands) et des militaires russes blancs, arrivent dans plusieurs camions venant de Lannion, Plouaret, Plounévez-Moëdec, Trébeurden... ainsi que des hommes de la SPAC de Rennes (Section de Protection Anti Communiste), habillés en civil.
Les russes blancs enrôlés dans l'armée allemande ont une sinistre réputation, ils se comportent comme des sauvages, tirant sur tout ce qui bouge, violant, s'enivrant à la moindre occasion. Ils ont commis en divers endroits des crimes monstrueux.
Plusieurs centaines, vraisemblablement 2 000 militaires, commencent l'encerclement et l'isolement de Perros-Guirec.

Ils se rendent directement à l'hôtel restaurant du "Cheval Blanc" tenu par la famille LE MERRER.

Les autonomistes, vont commencer à appliquer avec la plus extrême sauvagerie leurs méthodes habituelles sur des membres de la famille LE MERRER.
Ils ouvrent avec violence la porte d'entrée du "Cheval Blanc" et sous les coups ils réunissent toute la famille dans la grande salle à manger de l'établissement. Le grand-père et une cousine de la famille Michèle MAUDEZ sont enfermés au 2èmè étage, de cet endroit ils vont entendre les cris de douleur provoqués par les sévices que vont subir les personnes passant entre les mains des tortionnaires (autonomistes bretons et russes blancs).
Les brutes s'acharnent sur toute la famille, personne n'est épargné, c'est Hervé BOTROS qui dirige les opérations avec l'aide des tortionnaires ils exécutent "la sale besogne", les Allemands assistant sans intervenir au "spectacle".

Le père Yves LE MERRER, âgé de 45 ans, est roué de coups et ignoblement torturé devant sa famille.
Jean LE LANNOU, 24 ans, gendre d'Yves LE MERRER, subit le même sort, mais aucun ne parle.
Les mêmes questions sont répétées sous les coups qui pleuvent :
"Qui sont tes supérieurs ?", "Où ont lieu les parachutages", "Quels sont les lieux de rendez-vous ?"
Odette LE MERRER, âgée de 20 ans, la fille d'Yves est violée, pendue par les pieds et frappée à coups de nerf de bœuf jusqu'à évanouissement. Le sang coule ...
Rémi LE MERRER, âgé de 16 ans, le fils d'Yves subit à son tour des sévices, il hurle de douleur et demande pitié.
Raymonde LE LANNOU, âgée de 20 ans, fille d'Yves, qui est nouvellement marié à Jean LE LANNOU, serre son bébé de six semaines dans ses bras, celui-ci lui est arraché, et ces brutes se le jettent l'un à l'autre en hurlant : "Parles ou nous le tuons !", "Où sont cachées les armes ?", "Qui est le chef ?", "Combien y a t'il de terroristes dans le groupe ?".
Madame Mathilde LE MERRER, épouse d'Yves est elle aussi brutalisée, elle s'évanouie et tombe par terre, les autonomistes continuent malgré tout à la frapper.
Pour donner une idée de la violence de ces brutes (autonomistes bretons et russes blancs), des traces de sang marquent les murs de l'hôtel restaurant.


Yves LE MERRER

Jean LE LANNOU

Rémi LE MERRER

Odette LE MERRER
 

Dimanche 4 juin 1944, vers 5h30 du matin
Hervé BOTROS connaît les lieux, pour y être venu, aidé de son groupe de tortionnaires, il fait traîner Yves LE MERRER ensanglanté et quasiment inconscient rue du Chemin de la Messe chez Monsieur et Madame PIRIOU à la villa "Castel-ar-Mor" que Hervé BOTROS connaît pour y être venu également. Jacques MARGATÉ, Résistant les aperçoit et réussit à s'échapper par un passage souterrain reliant la propriété à un terrain de tennis situé l'autre côté de la rue. Jean RIOU, 23 ans, ami de Odette LE MERRER, tente d'aller récupérer une mitraillette dissimulée dans un massif d'hortensias.
Repéré, il est abattu à 5 heures 30 à proximité de la villa "Castel-ar-Mor". Cinq balles lui atteignirent le thorax, une autre un phalange du pouce gauche.
Des vols furent commis au préjudice de la famille PIRIOU : un sac à main caché dans une armoire contenant la somme de 40 000 F et une montre homme en or.
Monsieur et Madame PIRIOU sont à leur tour malmenés et conduits au "Cheval Blanc", ils seront relâchés peu après. Hervé BOTROS leur ayant dit en breton, au moment qu'ils étaient arrêtés : " Ne vous inquiétez pas, vous serez libérés ".



Jean Riou
Dimanche 4 juin 1944, vers 8 h du matin
C'est l'heure ou beaucoup de Perrosiens se rendent à la messe du dimanche, ils passent devant le "Cheval Blanc", tous sont arrêtés et priés de se placer face à un mur.
Deux gendarmes de la brigade de Perros-Guirec Yves LE CORRE et Gabriel ANDRIEUX (qui sera tué le 9 juin 1944 au cours d'un combat au Guillors en Louannec), partant à bicyclette en mission à Trévou-Triguignec pour une affaire de vol, passent devant le "Cheval Blanc", ils ignorent ce qui se passe à l'intérieur, ils sont priés eux aussi par un officier allemand de s'arrêter et de poser leurs bicyclettes contre un mur, ils leurs demandent aussi de s'aligner contre ce mur avec d'autres civils qui sont déjà empêchés de passer.
Les deux gendarmes profitent du relâchement de la surveillance de l'officier qui fait le va et vient entre l'hôtel restaurant et la rue, ils réussissent à prendre la fuite à l'aide de leurs bicyclettes. Leur témérité a sans doute sauvé la vie des deux gendarmes, car Hervé BOTROS ignore à ce moment l'appartenance des gendarmes à un réseau de Résistance. Les deux gendarmes durent ensuite entrer dans le maquis.
S'étant aperçu de la fuite des deux gendarmes, Hervé BOTROS donne l'ordre de monter à la brigade de gendarmerie.
Le groupe de tortionnaires se rend à la brigade de la gendarmerie, toute proche du "Cheval Blanc", à environ 300m, qu'ils investissent, semant la terreur, tirant en l'air dans les locaux, des impacts de balles seront d'ailleurs visibles dans le bureau et l'escalier.
Personne à la brigade de gendarmerie est au courant des événements du "Cheval Blanc".
Le gendarme Auguste HAMON est seul de service au bureau. Il est immédiatement arrêté et brutalisé.
L'adjudant François LE JEUNE est chez lui, dans son logement de fonction, faisant sa toilette, il vient d'être nouvellement nommé à la brigade. Il doit suivre l'autonomiste venu l'arrêter, il est frappé à coups de crosse de fusil pour descendre les escaliers. A Madame LE JEUNE, qui veut tendre un lainage à son époux, pour ne pas qu'il prenne froid on lui fait cyniquement remarquer : "Ne vous inquiétez pas Madame, il n'en aura pas besoin".
Puis ils sont emmenés tous les deux à pied au "Cheval Blanc", recevant tout au long du parcours des coups de crosses de fusil de la part de leurs tortionnaires. Arrivés au "Cheval Blanc", Hervé BOTROS s'acharne sur eux, les laissant ensanglantés par terre sans connaissance, ils sont horriblement marqués par les coups reçus.
On peut penser que si Hervé BOTROS avait été au courant de l'activité de Résistants des deux gendarmes, il aurait dépêché à la gendarmerie plusieurs de ses tortionnaires.


Gabriel ANDRIEUX
Auguste HAMON
François LE JEUNE

Stèle de la gendarmerie de Perros-Guirec

Dimanche 4 juin 1944, de 8h jusqu'à midi
Après avoir subis de nombreux sévices, les malheureux sont méconnaissables.
Hervé BOTROS détient une liste de Résistants de Perros-Guirec.
Le groupe de tortionnaires se rend en camion, au 41, rue du Maréchal Joffre, au domicile d'André BONNOT, membre actif de la Résistance, celui-ci n'est pas à son domicile, le père d'André, Aristide qui est présent est roué de coups, avec une telle violence qu'un témoin, verra du sang couler de son pantalon.

Ils veulent aussi arrêter l'employé d'Aristide BONNOT, Albert ÉTIEMBRE, mais ils ne le trouvent pas à son domicile, malheureusement Albert ÉTIEMBRE commet l'imprudence de se faire voir, il est à son tour arrêté au 43, rue du Maréchal Joffre. Lui aussi est roué de coups avec une extrême violence. Ils sont tous les deux embarqués dans un camion.

Le camion descend ensuite vers le port au 79, rue Ernest RENAN, les tortionnaires pensent y trouver André BONNOT chez son oncle le père d'Yvon BONNOT, actuel Maire de Perros-Guirec, qui tient à cet endroit une entreprise de menuiserie. Ils trouvent la porte close qu'ils enfoncent. Heureusement personne ne se trouve sur les lieux. A bord du camion Aristide BONNOT et Albert ÉTIEMBRE rejoignent le "Cheval Blanc". Ils trouvent sur les lieux la famille LE MERRER et les deux gendarmes déjà arrêtés.

Albert CABROLIÉ tient le café tabac "le café du bourg" situé au 19, place de l'église est lui aussi arrêté à son domicile par les allemands, un mur sépare son domicile de celui du "Cheval Blanc", les Allemands ont remarqué une échelle est posée contre le mur, ils le soupçonnent de l'utiliser pour aller au "Cheval Blanc", il est arrêté et rejoint à son tour les autres personnes au "Cheval Blanc". 20kg de tabac, deux valises, un poste TSF ainsi que trois appareils photos sont volés.

Entre temps la solidarité fonctionne chez les Résistants, Madame André BONNOT au courant de la rafle prévient Louis MEUDEC qui habite chez ses parents en bas du bois d'Amour, celui-ci prévient son camarade Jean PLUNET. Autre exemple de solidarité, Yves PAUVY alité à cause d'une bronchite, se réfugie chez sa tante qui habite le Linkin, il reçoit la visite du Docteur SALIOU qui lui suggère d'aller se cacher ailleurs, écoutant les conseils du médecin, il part à l'abri dans la forêt de Beffou à Loguivy-Plougras.
Louis MEUDEC et Jean PLUNET, décident de quitter Perros-Guirec, et partent en direction de Pleumeur-Bodou pour se rendre dans une petite ferme à Barnabanec en Pleumeur-Bodou en évitant les routes, chez la fiancée ce dernier.
Occupés à casser du bois, ils aperçoivent une voiture allemande passer sur la route, comprenant le danger, ils tentent de se cacher. Un camion qu'ils n'avaient pas vu venir passe à son tour, ils sont aperçus par les Allemands, poursuivis et rattrapés, ceux-ci les obligent à monter dans le camion à l'intérieur duquel plusieurs personnes s'y trouvent déjà, puis ils sont amenés au "Cheval Blanc".

Les Allemands poursuivent leur chevauchée sauvage, et se rendent à Poull-Palud dans le quartier Sainte-Anne en Trégastel chez François PRIGENT, dit "Fanfan", qui échappe de peu à l'arrestation, il n'est heureusement pas à son domicile. Pour se venger, ils arrêtent Yves le père de "Fanfan" et son frère Jean. Puis ils incendient la maison de la famille Prigent à l'aide d'un bidon d'essence et instalent devant la maison sur un poteau téléphonique une pancarte sur laquelle est écrit : "ceci fut la demeure d'un terroriste".
Yves PRIGENT et son fils Jean sont conduits à leur tour au "Cheval Blanc".

Finalement une vingtaine de personnes se trouvent au "Cheval Blanc" prisonniers, ils y passent une bonne partie de la journée, ils seront moins battus par la suite leurs tortionnaires n'en pouvant plus de frapper.

François PRIGENT et Jean DAGORN abattus le 22 juillet 1944
à Pen-ar-Guer en Pleumeur-Bodou


Aristide BONNOT

Albert ÉTIEMBRE

Albert CABROLIÉ

Jean PLUNET

Louis MEUDEC
Dimanche 4 juin 1944, vers 17 h
Deux camions allemands s'arrêtent devant le "Cheval Blanc". Les treize malheureux y sont poussés brutalement et conduits à l'Hôtel de la Poste de Lannion qui est la feldkommandantur des nazis, et est actuellement l'agence du journal "Ouest France".
Dix des treize malheureux ne reviendront jamais, ils vont quitter le Trégor pour toujours.

Dimanche 4 juin 1944, vers 20 h30
Après le départ des malheureux, les tortionnaires terminent leur "sale besogne", Madame Mathilde LE MERRER, sa fille Raymonde LE LANNOU avec son bébé de six semaines, la cousine Michèle MAUDEZ et le grand père sont jetés à la rue, hébétés de souffrances et d'angoisses et dans le plus grand dénuement. Toutefois Raymonde LE LANNOU retrouvera un moment de lucidité en pensant à son bébé, et osera demander qu'on lui laisse prendre des vêtements pour lui. C'est un soldat allemand outré du comportement des Bezen PERROT qui lui facilitera la tâche.
Des voisins vont recueillir la famille LE MERRER.
Avant de quitter les lieux, le "Cheval Blanc" est pillé et certains individus notamment les russes blancs, s'emparent de bouteilles d'alcool avec lesquelles ils vont s'enivrer. Puis les autonomistes posent deux charges de dynamite et en quelques minutes le "Cheval Blanc" est la proie des flammes et s'écroule, il ne sera jamais plus ouvert.
Le miliciens Hervé BOTROS est très bien renseigné sur les habitudes des personnes arrêtées et connaît parfaitement les lieux pour y avoir été introduit par René G... étant venu à plusieurs reprises séjourner à Perros-Guirec.
Les treize malheureux arrêtés sont transférés à la prison toute proche (maison TASSEL de BEAUREGARD, située à côté du collège Charles LE GOFFIC), presque tous sont des Résistants, ils sont tous maintenus prisonniers dans une pièce, où ils y passent la nuit.

Lundi 5 juin 1944
Hervé BOTROS continue l'interrogatoire d'Yves LE MERRER et ses tortures sadiques posant toujours les mêmes questions : "Où sont les armes Anglaises ?", "Qui sont tes chefs ?", "Où sont les planques ?".
N'obtenant aucune réponse, Hervé BOTROS abandonne Yves LE MERRER dans une cellule où se trouve son gendre Jean LE LANNOU et son fils Rémi. C'est à endroit qu'Yves LE MERRER va mourir, suite aux sévices que lui ont fait subir ses tortionnaires.
On retrouvera son corps dans une fosse aux alentours du camp d'aviation de Servel vers le 20 novembre 1944

Mercredi 7 juin 1944 : départ vers une destination inconnue
Les douze autres malheureux passent une journée dans la maison d'arrêt de Lannion, à attendre, et à essayer de panser leurs plaies, tous sont transférés à celle de Saint-Brieuc.

Le 6 juin 1944 dans la soirée, ils partent pour Rennes avec huit autres détenus : Marguerite FOURRE, 36 ans, de Quemperven ; Louis BODEUR, 34 ans de Lézardrieux ( fusillé le 23 juin 1944 à Saint-Jacques-de-la-Lande (Ille-et-Vilaine)), Guy HAAS, 18 ans de Morlaix ; Louis JANNIN, 26 ans de Pontrieux (sommairement fusillé dans la nuit du 28 au 29 juillet 1944 à Soissons (Aisne)); Laurent LE NEDELEC, 43 ans de Lézardrieux (mort en déportation) ; Louis DRUAIS, 19 ans de Lézardrieux (libéré, puis tué le 15 août 1944 à Penvern en Paimpol) ; André CLEUZIAT, 18 ans de Lézardrieux (mort en déportation) ; Odette LAVENANT, 19 ans de Pabu.
Ensuite, les victimes de la rafle suivront différents parcours, certains partiront fin juillet 1944 pour le camp d'internement de Compiègne (Oise) en transitant par Paris, d'autres passeront par Nantes, Tours ...

Odette LE MERRER, sera du dernier convoi qui partira de Rennes pour le camp d'internement de Belfort le 4 août 1944, suivant un parcours en dents de scies (compte tenu de l'avancée des troupes alliées, après le débarquement du 6 juin 1944), elle sera aux côtés de d'Albertine DAVID de Saint-Brieuc arrêtée le 29 avril 1944 à Saint-Brieuc, de Marguerite ALLAIN épouse FAURE de Locquémau arrêtée le 22 mai 1944 à Trédrez et de Denise LE GRAET de Bourbriac arrêtée le 14 mai 1944 à Bourbriac...

Tous ces transports se faisant dans des wagons clos, vers les camps de concentration, et cela dans des conditions inhumaines.

Les deux gendarmes François LE JEUNE et Auguste HAMON, à leur passage en gare de Soissons dans l'Aisne dans la nuit du 28 au 29 juillet 1944, les allemands s'aperçoivent qu'un trou a été creusé dans le plancher en bois du wagon, il s'en faut de peu qu'ils ne soient fusillés sur place, par contre deux de leurs camarades : Louis JANNIN de Pontrieux et Yves LE GUEN de Pleubian seront assassinés (une plaque commémorative rappelle ce triste évènement), c'est à Jean KERAMBRUN de Kerbors rescapé de Neuengamme que nous devons ce témoignage.

Malgré que certains soient séparés durant le voyage, beaucoup se retrouveront au Camp de Neuengamme.
Le 31 juillet 1944, Aristide BONNOT, Albert CABROLIÉ, Albert ÉTIEMBRE, Auguste HAMON, Jean LE LANNOU, François LE JEUNE, Rémi LE MERRER, Louis MEUDEC, Jean PLUNET, Yves PRIGENT, arrivent camp de Neuengamme.

Odette LE MERRER, sera envoyée au camp de Ravensbrück.

Jean PRIGENT, se retrouvera au camp de concentration de Natzwiller Struthof dans le Bas-Rhin puis après l'évacuation de ce camp il sera dirigé vers le camp de Dachau en Allemagne.

De tous les déportés seuls reviendront des camps de la mort, méconnaissables et squelettiques :
Jean LE LANNOU, Louis MEUDEC et Jean PRIGENT.


témoignage de Louis MEUDEC


Jean PRIGENT

Yves PRIGENT

François PRIGENT

Stèle de la rafle du 4 juin 1944 à Perros-Guirec




HISTORIQUE DES VISITES